Faut-il des murs pour faire une maison ?*

Et si la maison n’était qu’un simple atelier ?

Un atelier d’écriture où lettres en devenir

et mots de tous les jours remplacent les murs,

tracent des lignes à la pelle

de l’amour,

des muses comme vient l’eau à la bouche

la plume à la truelle

pour cimenter les corps,

les billes pour aimanter la vie,

l’encre pour façonner son monde,

une bricolerie de luxe rare

où les espaces comptent autant

que les caractères,

où des horizons infinis se découvrent

sur une page blanche,

gratter le globe en catimini

comme un jardin de bas de page

d’un carnet recoin cosy,

refuge du for intérieur,

des friches ailleurs

pour laisser la nature

reprendre le dessus,

des seaux posées pour prendre

la fuite,

sait-on jamais,

un nuage de mots dans le ciel

autant de lunes à attraper

changer de cap,

ajouter un étage,

un escalier colimaçon en tourbillon,

manège enchanté,

lâcher ses mots

pour changer d’adresse,

ouvrir les fenêtres

jeter toutes ses tuiles,

vivre de correspondances,

fil de plomb ou fil à la patte,

à la verticale,

parallèle saisissant en fait

de la vie qui passe

avec ses chiures de gomme

sur le carreau,

ses grains de sable,

autant de poussières de construction

de sa maison,

pour au bout de la rue

arriver en fin de chantier

de sa vie

avec juste

quelques traces laissées

du passage,

mbur -brocauteur 10/24

*Titre du livre d’Alix Lerasle, retour d’atelier d’ESPEC animé par Delphine R. du 30X24.