Elisa
- 4 déc.
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il était une fois
une histoire de mots
qui avaient perdu leur sourire
les lettres de l’alphabet aussi
se retrouvaient comme des pièces
d’un puzzle renversé
on dirait
c’est comme si la lumière s’était éteinte
sur les langues parlées à l’école
de l’espagnol
du français
de l’anglais
d’autres encore venues les rejoindre
dans la cour
on dirait que chacune avait à cœur
de se donner la main
de se prendre dans les bras
de se tenir au chaud
on dirait qu’elles n’avaient pas besoin
de se traduire entre elles
on dirait qu’elles savaient parler
le même silence
celui qui nous fait fermer les yeux
pour penser à Elisa,
à ses parents, à ses grands parents
on dirait Elisa
que tu joues à la marelle
entre la terre et le ciel
avec nous
on dirait
qu’on te voit lancer le caillou
et sauter à cloche pied
1 2 3 4 5 oui
on dirait que nous sommes aujourd’hui
avec toi
à jouer encore avec toi
à pieds joints ou les jambes écartées
à sourire quand on trébuche
sans faire exprès
à rire de nos bêtises
sans savoir pourquoi
à pleurer aussi
sans savoir pourquoi
ou plutôt si
on sait pourquoi
on dirait qu’on pleure
pour laisser nos larmes
glisser vers toi Elisa
avec nos yeux qui brillent
des étoiles que tu nous as données
avant de partir
on dirait qu’on va te garder
avec nous ainsi
avec toutes nos langues
parlées dans la cour
pour faire vivre les mots
les faire chanter ensemble
pour toi
oui, on dirait,
Elisa,
on dirait,
MBur – 4 décembre 25 pour Elisa,
à Séville, en mémoire et paix



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