Se perdre

Combien de fois dans une vie

se perd-on de vue ?

Parfois sans le vouloir

dans un dédale de salles

de pas perdus.

Loin des yeux près du cœur -

dit-on pour se rassurer.

Autant de pardons noyés

dans l’indifférence

de calendriers piétinés.

Même les jours passent

à autre chose,

et laissent nos années

se diluer

dans le décompte global.

Parfois on se revoit

par hasard,

et c’est comme si c’était

hier. 

Parfois des rêves se tiennent

à deux mains,

et ça fait tout drôle,

Parfois on se croise -

sans se voir

ou sans y croire.

Parfois on se dit

à bientôt -

mais ça ne vient pas.

On blanchit par à-coups

dans la parodie

des politesses

qu’on ne tient pas.

Parfois on voudrait vraiment

faire autrement -

mais ça ne vient toujours pas.

Faut dire -

On ne se visite plus

à l’improviste.

Faut prendre rendez-vous -

ticket numéro de loterie,

se parler dans l’hygiaphone

des réseaux sociaux,

porter le masque

des circonstances atténuantes,

C’est bien ce qu’il nous reste.

Chacun avance au mieux

dans sa file d’attente.

Un compte-gouttes du sablier

vers le point de rencontre

final -

Là où l’on se retrouvera

comme au premier jour.

Candeur et innocence

en union joyeuse,

dans l’humus des souvenirs -

À jouer aux dés,

À relier ses carnets de fleurs séchées,

À feuilleter des albums

devenus imaginaires,

Se raconter des histoires -

écrire des balivernes

refaire le match en silence,

juste pour passer

le temps -