On se souvient

Des vivants

à l'écran

dans la vraie vie aussi

des otages du Bataclan

on s’en souvient

on garde l’effroi interminable

du sang imprimé

des terrasses

…

si on s’en parle

on se souvient chacun de son 13 novembre

de sa sidération

sans être parisien

on se souvient de ces moments de téléréalité

inscrits dans le marbre de nos mémoires

on était où

on faisait quoi

on a pleuré avec qui

…

on peut coller ces dates tragiques

de la mémoire collective

à nos propres souvenirs

...

des tranches de vie

redessinées par la mort

une fois de plus

tant de fois

…

des otages

des attentats

des pleurs

des drames

des peurs

…

11 septembre

7 janvier

13 novembre

14 juillet

7 octobre

…

tant de fois

…

Comme si les accidents

les séismes

les catastrophes

de la vie

ne suffisaient pas

…

comme si les guerres

les conflits

les génocides

les massacres ethniques

religieux

les attaques

les viols de masse

les abîmes de l’homme

...

des ténèbres à ciel ouvert

inscrits sans date fixe 

ne portaient pas les mêmes stigmates

dans nos mémoires

téléguidées

…

on se débat

on se désespère

et puis

on y pense

on se désole

on étend sa liste

à d’autres moments encore

…

on en parle moins

on n’oublie pas

ses autres explosions de nos coeurs

ses autres blessures

ses autres peines

…

De Colombo à Islamabad

de Karachi à Casablanca

de Londres à Madrid

...

Tant d'autres

qu'on oublie

qu'on n'oublie pas

Non c'est vrai

je n’oublie pas,

mbur - brocauteur 11/25

Nota Bene : Merci à Fanny pour son invitation à écrire une tranche de vie en nous inspirant du tableau de Jean Fautrier, Tête d'otage n°24, 1945, l'art existentiel. 

Nota Bene 2 : la série des vivants à l’écran

Nota Bene 3 : les autres jalons de mémoire

31 janvier 1996 Colombo - 11 septembre 2001 New York - 8 mai 2002 Karachi - 16 mai 2003 Casablanca - 11 mars 2004 Madrid - 7 juillet 2005 Londres - 20 septembre 2008 Islamabad