Mes envies
- 1 juil.
- 2 min de lecture

Je n’ai envie de rien ce soir tant la chaleur m’écrase
ou alors si, écrire un peu,
m’échapper avec l’écriture,
celle qui me tient par la main et m’emmène sur des chemins
que je n’imaginais pas quelques minutes plus tôt.
Digresser, laisser la plume faire son effet.
une envie de fraicheur, un besoin d’air,
envie et besoin de respirer sans suffoquer.
Bien sûr. Comment ne pas y penser ?
L’obsession du moment. Et je ne suis pas le seul.
Un ouvrier de 35 ans est mort aujourd’hui en rentrant chez lui
il se plaignait de la chaleur, il faisait plus de 40 degrés.
il n’aura pas survécu
j’aimerais rembobiner la cassette de cette journée pour lui,
faire que son chef l’écoute,
faire que ce chantier sous un soleil de plomb se mette en pause.
Comment souhaiter quelque chose que l’on ne maitrise pas ?
J’aimerais dire à nos élus qu’ils ne peuvent plus faire semblant.
je voudrais que notre président ne dise plus : qui aurait pu prédire
j’aimerais qu’on se souvienne qu’un de ses anciens prédécesseurs
disait il y a 25 ans,
notre maison brûle et on regarde ailleurs.
J’aimerais retrouver l’éventail de ma grand-mère
elle l’avait acheté en Espagne, elle aimait son motif de grosses fleurs,
il m’a toujours fasciné cet éventail à brasser l’air,
juste à la force de son poignet
elle le dirigeait souvent vers moi pour m’éventer.
qu’est-ce que j’aimais ça.
on riait tous les deux quand elle frôlait le bout de mon nez.
Comment souhaiter quelque chose qui n’existe plus ?
J’aimerais plonger du haut d’un ponton dans la baie de Saint Malo.
la Manche pour me rafraichir, la Manche pour gagner un peu de bien-être
laisser mes cheveux mouillés perler, en attraper une avec ma langue,
goûter au sel encore un petit peu.
J’aimerais revoir ma mère quand elle sortait de la mer,
à marcher d’un pas fier sur le sable, avec ses longs cheveux bruns
qui gouttent le long de son maillot de bain.
Comment nous revoir dans une jeunesse qui n’est plus ?
J’aimerais continuer à feuilleter mon album de vacances d’été
des photos jaunies du polaroid tamisées par un soleil doux,
par des années d’insouciance qui ne sont plus.
J’aimerais les vivre à nouveau sans culpabiliser
dans ce monde chaotique et chamboulé
comme son climat.
J’aimerais que les nuages reviennent cacher un peu ce soleil qui brûle,
j’aimerais regarder leur ballet dans le ciel,
les voir grossir et se noircir jusqu’aux premiers éclairs qui zèbrent l’horizon.
J’aimerais savoir danser pour fêter le ciel et jouer des claquettes
sur un air de Duke Ellington
Comment faisaient les indiens pour danser et appeler la pluie ?
J’aimerais apprendre de leur sagesse,
j’aimerais comprendre leur lecture du vivant partout sur terre.
J’aimerais vous lire ces quelques lignes à haute voix,
avec un peu de peur qui s’en irait, au fur et à mesure,
j’aimerais me dire que
oser c’est bien aussi
quand on a envie de se jeter à l’eau
oui, j’aimerais me le dire
juste l’espace d’un instant.
mbur - brocauteur 07/25
Te lire ce matin est bouleversant et me plonge tout d’abord dans ma propre enfance, adolescence, jeunesse….
Et puis ce pauvre homme arraché à la vie !!
Merci Michel
🌊✨