Histoire d’eau

pluie drue en mode tambourin,

    petits coups de baguettes serrés vifs,

    en alternance de rythme,

    accélération, ralentissement, vagues continues, dérangeantes,

    un bruit sourd habille le ciel à la lumière déclinante, changeante,

    les cordes s’y mettent à leur tour comme une envie de symphonie de nouveau monde,

    allongé sur le lit la fenêtre ouverte en chien assis, je ne manque rien du concert,

    les yeux mi-clos, la sieste s’éloigne et laisse place aux pensées qui étirent leurs bras et embrassent le monde,

    les cloches voisines sonnent imperturbables leurs heures, quart et demi-heure

    métronome du quartier sur le pont à toute heure du jour et de la nuit,

    la pluie redouble d’intensité comme si les tuiles quémandaient de masser, cogner, gratter le toit plus fort,

    tout se mêle dans un esprit chagrin d’une mélancolie heureuse,

    une mousson incongrue dans une envie de valse à mille temps,

    une brise légère et fraîche vient caresser les narines, titiller les sens,

    goûter à l’humidité ambiante en restant bien au sec,

    ma main se pose sur mon sexe dans un réflexe de protection,

    la chaleur est aussitôt diffuse entre les peaux complices,

    l’une lasse et abandonnée ne laisse pas imaginer d’autres formes de vie possibles,

    le bout des doigts sait caresser l’animal et réveille l’instinct érectile,

    l’humeur vire badine et laisse entrer le rayon de soleil,

    la pluie se veut plus fine, plus douce, presque apaisée,

    le soleil grossit prend ses aises, s’enveloppe dans la moiteur du ciel,

    l’arc-en-ciel se glisse dans l’intervalle pour éclairer la scène,

    la rencontre se nourrit de ces va-et-vient, de ces langueurs, de ces changements de vitesse, de pression, d’arrêt soudain,

    le chef d’orchestre manie sa baguette dans une agitation folle où tous les instruments sont conviés à lâcher la bride,

    les éléments se déchaînent, la passion est palpable,

    une dernière averse réplique aux rayons du soleil bravaches,

    les cloches sonnent le glas, l’annonce du

    final dans l’apothéose,

    une délivrance des sens interdits s’impose

    le bouquet final est dans toutes les têtes,

    celles qui lisent ces mots, celles qui les imaginent,

    libre cours des pensées, livre court de l’instant magnifié,

    geste d’insouciance dans une danse impromptue,

    à chacun ses desseins, ses désirs sucrés salés,

    intemporels dans le plaisir de l’instinct effronté •*•*

    mbur brocauteur 08/23